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Unilever veut devenir milliardaire dans la viande végétale

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Le géant de l'alimentaire et des produits de soins vise un milliard d'euros de ventes dans les alternatives végétales à la viande et aux produits laitiers.

Jaap Korteweg, le fondateur de The Vegetarian Butcher, un ancien agriculteur reconverti dans la viande sans viande

Le géant anglo-néerlandais Unilever affirme vouloir contribuer au rééquilibrage des habitudes de consommation vers une alimentation plus saine et plus respectueuse des ressources de la planète. Comme le groupe touche quelque 2,5 milliards de clients quotidiennement dans 190 pays, il peut, il est vrai, jouer un rôle non négligeable dans ces "glissements" de consommation.

"L'agriculture animale est le deuxième plus grand contributeur aux émissions de gaz à effet de serre après les combustibles fossiles ainsi qu'une cause majeure de déforestation..." Sophie Souied Directrice Générale D'unilever Belux

L'annonce qu'il fait ce mercredi matin va dans ce sens: Unilever veut atteindre un milliard d'euros de ventes d'alternatives végétales à la viande et aux produits laitiers d'ici 2025 à 2027. Il cible ces deux types de produits en raison de leur impact sur la santé et l'environnement: "l'agriculture animale est le deuxième plus grand contributeur aux émissions de gaz à effet de serre après les combustibles fossiles ainsi qu'une cause majeure de déforestation, de pollution de l'eau et de l'air et de perte de biodiversité", rappelle Sophie Souied, directrice générale d'Unilever Belux.

Deux autres données à retenir: deux milliards de personnes dans le monde sont obèses ou en surpoids, et un tiers de la nourriture produite à l'échelle de la planète est jetée.

Unilever est familier de ce type d'annonces. Il y a trois mois, il avait indiqué son intention d'investir un milliard dans des lessives plus vertes. On serait tenté d'y voir une politique de "greenwashing", soit de marketing écolo sans lien avec la réalité. Sauf que le groupe aligne les arguments pour démontrer qu'il compte effectivement agir en ce sens.

Une acquisition riche de sens

Pour arriver au milliard d'euros de ventes de viandes et laits d'origine végétale, il pourra notamment s'appuyer sur une récente acquisition, The Vegetarian Butcher. Cette entreprise rachetée en 2018 se fait fort de devenir le premier boucher spécialisé dans la production de protéines végétales "qui rivalisent avec la viande animale en termes de goût, de texture et de valeur nutritionnelle". Il est déjà actif sur 30 marchés, dont la Belgique depuis février de cette année - on trouve ses produits dans la plupart de nos chaînes de supermarchés, ainsi que dans des restaurants, dans les établissements Burger King, etc.

"Une partie de l'objectif sera atteint grâce aux ventes de The Vegetarian Butcher." Griet Demasure, Responsable Marketing De Food, Unilever Belgique

"Une partie de l'objectif sera atteint grâce aux ventes de The Vegetarian Butcher, convient Griet Demasure, la responsable du marketing d'Unilever Food en Belgique. Mais nous faisons aussi évoluer en ce sens notre assortiment de produits en portefeuille." Exemples: Unilever a lancé cette année en Belgique la mayonnaise vegan Hellmann's; le groupe avait déjà étrenné l'an passé une première crème glacée vegan de marque Magnum; il a aussi mis au point une crème glacée à la noix de coco Ben & Jerry's sans produits laitiers.

Et il continue à développer de nouveaux produits du genre, dans le domaine des microalgues entre autres, en partenariat avec Algenuity, une entreprise qui planche sur une technologie supprimant le goût amer des algues tout en conservant leur contenu nutritionnel.

Lutter contre le gaspi avec Too Good To Go

Unilever compte aussi diffuser des recettes culinaires inspirantes, et contribuer à la lutte contre le gaspillage alimentaire. Il participe, pour ce faire, au projet déployé par Too Good To Go, une "app" liée à une plateforme en ligne destinée à vendre des produits alimentaires proches de leur date de péremption. "On a déjà effectué des tests qui se sont avérés satisfaisants, souligne Griet Demasure. Dans nombre de cas, les produits dont la date de péremption est dépassée sont encore à 100% valables.

Il faut savoir qu'il y a une différence entre 'date limite d'utilisation' et 'la date de péremption' sur l'étiquette du produit, et qu'entre les deux, la qualité diminue mais le produit reste sûr." Le groupe cherche à présent à rendre sa participation à l'app "plus structurelle".

Lire aussi | Unilever investit 1 milliard dans des lessives plus vertes

Reste qu'en regard du chiffre d'affaires total du groupe, 52 milliards d'euros l'an dernier, on pourrait objecter qu'un milliard, au fond, c'est relativement peu... "C'est très ambitieux, au contraire, réagit Griet Demasure. Que le groupe communique pour dire qu'il veut aider les consommateurs à changer leurs habitudes, cela me donne beaucoup d'énergie: je suis ravie qu'on se donne cet objectif. Et ce qui fait la différence, selon moi, c'est que nous cherchons à intégrer les deux approches: manger plus sainement, mais aussi de manière plus durable pour la planète."

Michel Lauwers
18 Novembre 2020

Unilever veut devenir milliardaire dans la viande végétale | L'Echo

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